dimanche 12 octobre 2014

Expo à Cahors : André Breton, initiateur découvreur


ANDRE BRETON : LA MAISON DE VERRE

Du 20 septembre au 20 décembre 2014

Musée de Cahors Henri-Martin : 792, rue Émile-Zola, 46000 Cahors
Tél : 05 65 20 88 66
 

Ouvert tous les jours (sauf mardi) 11h-18h, dimanche et jours fériés 14h-18h.
Fermé le 24, 25, 30 et 31 décembre 2014.


 
 
 
André Breton, l’homme du Surréalisme, est exposé à Cahors du 20 septembre 2014 au 29 décembre 2014. La Maison de verre, André Breton est la plus grande exposition consacrée au poète surréaliste depuis 20 ans,

Habiter une maison de verre, transparente comme l’air du matin – vivre dans un palais de cristal empli d’œuvres et d’objets choisis avec soin… S’en émerveiller constamment. André Breton a réalisé ce rêve : la collection qu’André Breton a élaborée tout au long de sa vie était riche de 15 00 objets et documents, rassemblés dans son modeste atelier de la rue Fontaine, à Paris. Ce n’est pas rien, d’autant que cela a façonné le surréalisme – et le site André Breton donne idée de son importance.
Julien Gracq, qui venait de temps à autre dans l’atelier, se montrait impressionné par cet assemblage hétéroclite d’objets souvent lourds de sens, mais tous légers, fragiles et merveilleux. Il y voyait un « refuge contre le machinal du monde » dans lequel Breton travaillait, ses objets formant autour de lui comme la cape d’un mage. André Breton, quant à lui, y puisait son énergie : « Pour moi, je continuerai à habiter ma maison de verre, où l’on peut voir à toute heure qui vient me rendre visite, où tout ce qui est suspendu aux plafonds et aux murs tient comme par enchantement, où je repose la nuit sur un lit de verre aux draps de verre, où qui je suis m’apparaîtra tôt ou tard gravé au diamant. »
Antre de mage, atelier d’artiste, bureau d’écrivain, ce musée personnel rassemble des peintures, des dessins et des jeux, des masques océaniens ou inuits, des sculptures de tous les coins du monde (Europe, Océanie, Amériques), des fétiches et objets d’art sacré mais aussi des trouvailles, des pièces hétéroclites et insolites (une boule de voyante, un essieu de charrette sicilienne, une collection d’hameçons polynésiens, des racines interprétées, des coléoptères mordorés) qui, dans leur juxtaposition, ne vont pas sans évoquer une espèce d’« écriture automatique » de l’objet. Pas si automatique toutefois tant l’œil de Breton est sûr et que cette mystérieuse désordonnance visuelle offre d’unité plastique et de cohérence visuelle.

La collection d’André Breton fut dispersée en 2003 pour rejoindre des collections peu accessibles au grand public ; si, en ligne, le site André Breton donne accès à chacun de ses éléments, la voici aujourd’hui en partie ressurgie, IRL. 350 œuvres rassemblées par André Breton et créées par ses amis surréalistes seront exposées au musée de Cahors Henri-Martin du 20 septembre au 29 décembre 2014. Nombre d’entre elles n’ont jamais été exposées.

À la fois baroques, déroutants et puisant dans la quintessence de l’art moderne (Picasso, Magritte, Giacometti, Dalí, Picabia, Man Ray, Miró, Frida Kahlo, Max Ernst…), les objets sont commentés par Laurent Guillaut (conservateur du musée de Cahors Henri-Martin), Constance Krebs (éditrice du site André Breton) et Georges Sebbag (philosophe, auteur de nombreux ouvrages sur le surréalisme).
Un important catalogue (en librairie le 24 septembre), édité par les éditions de l’Amateur et introduit par Henri Béhar (historien de la littérature d’avant-garde et spécialiste d’André Breton) permet de comprendre le regard du fondateur du surréalisme, les liens entre cet assemblage d’artiste et l’œuvre du poète. Au sein de l’exposition, Nadia Benchallal, Mirabelle Rousseau et Sabine de Valon rendent hommage à André Breton.

En annexe de l’exposition, des œuvres d’Yves Le Guernic et d’Alain Prillard sont également exposées.


 
ANDRE BRETON vers 1950
 
 
"Pour la première fois, le public peut voir le bureau sur lequel Breton écrivait sous l'oeil sévère du Papou Ouli, sa statue hermaphrodite d'ancêtres posée sur cette grande table de bois où s'entassent pêle-mêle boîtes à tabac, pipes, collection de coléoptères, plumiers...
«Le bureau - et tout ce qu'il y a dessus - a été donné par Aube Elléouët à la bibliothèque littéraire de chercheurs Jacques Doucet, à Paris, mais il n'était pas vraiment accessible au grand public», indique Constance Krebs.

Sur les murs autour du meuble, un autoportrait de l'artiste peintre mexicaine Frida Kalho rappelle les moments de Breton passés avec elle et Léon Trotski à Mexico.
On y voit un Max Ernst, des toiles aux couleurs chatoyantes de l'Algérienne Baya - de son vrai nom Fatma Haddad -, dont il avait préfacé le catalogue, des Dali, Chirico, Magritte... Et ses découvertes d'arts primitifs Hopi ou océaniens.
Sans compter son Mur d'objets, partie de la collection permanente du musée parisien Georges Pompidou que le public pourra voir virtuellement, tout comme les Parisiens pourront profiter via internet du bureau exposé à Cahors jusqu'au 29 décembre.
«Un écran interactif permet au public de cliquer sur un objet du mur exposé à Beaubourg et de là-bas, la même chose avec le bureau exposé ici», explique Mme Krebs.
Une capacité d'amour sans limites
«L'exposition est certainement une ouverture plus large sur tous les centres d'intérêt de mon père et qui naviguaient autour de lui», confie, dans une rare entrevue accordée par téléphone à l'AFP, l'unique enfant de Breton, âgée de 79 ans.
André Breton a vécu de longs moments à l'Auberge des mariniers, qu'il avait achetée au peintre Henri-Martin à Saint Cirq-Lapopie, à une trentaine de kilomètres de Cahors.
Dans les années 1950-1960, il y reçut une pléthore d'artistes et Citoyens du Monde: les peintres Max Ernst et Miro, les photographes Man Ray et Henri Cartier-Bresson, le poète surréaliste Benjamin Péret..
L'Initiateur découvreur, sous-titre de l'exposition La maison de verre, avait découvert ce village médiéval juché au-dessus d'une vallée en venant soutenir la route Mondiale Numéro Un, le 24 juin 1950, dans une caravane de Citoyens du Monde, un mouvement déterminé à faire tomber les frontières après la Seconde guerre mondiale créé par le pilote américain Garry Davis.
Une borne assortie de clichés des 30 km de route mondiale pris par la photographe Nadia Benchallal, en pleine rediffusion des Actualités de l'époque, rappelle au visiteur cette période intense de la vie de Breton.
L'exposition s'ouvre sur une salle consacrée à une première partie importante de sa vie, la période dite de Nadja, son roman autobiographique (1928) et surnom de sa muse Léona Delcourt.
André Breton résumait déjà dans Nadja, dont des annotations originales sont exposées, toute sa philosophie: il écrit vivre dans une «Maison de verre», «où l'on peut voir à toute heure qui vient me rendre visite...».
«Les messages de mon père à travers le surréalisme, c'était d'ouvrir plus grand les portes et les fenêtres vers plus de liberté dans tous les domaines», commente Aube Elléouët, en soi «une capacité d'amour sans limites»."


Béatrice KhadigeAgence France-Presse
Cahors
 
 
 

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